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Jachères fleuries Un coup de pouce aux insectes auxiliaires

Grâce à quelques plantes supplémentaires, les jachères fleuries pourraient contribuer à préserver les insectes auxiliaires tout en conservant un intérêt cynégétique et paysager.

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D'un côté, les agriculteurs oeuvrent pour avoir des parcelles propres entourées de bordures et de pieds de haies régulièrement nettoyés à la débroussailleuse. De l'autre, les attentes sociétales (et les apiculteurs) penchent pour une diversité floristique qui serait aussi synonyme de variété faunistique.

Vingt sites pilotes

« Face à cette problématique, les jachères « faune sauvage » fonctionnent plutôt bien. Il ne reste plus qu'à leur intégrer l'intérêt apicole, commente Philippe Lecompte, apiculteur professionnel dans la Marne. Dès 1992, j'ai commencé à travailler avec des agriculteurs pour voir comment il était possible de valoriser les surfaces en jachère pour l'apiculture. Aujourd'hui, la démarche est soutenue dans le cadre d'un contrat de plan Etat-Région et avec l'aide du Parc naturel régional de la Montagne de Reims. Le principe est de faire coïncider la floraison des jachères à intérêt apicole avec les périodes où les abeilles n'ont plus de ressource pollinique par ailleurs, c'est-à-dire, dans notre région, entre le 15 juin et la fin de l'été. Il est aussi important que la jachère apporte sans interruption différentes sources de pollen pour varier le bol alimentaire de l'abeille. D'où la nécessité de l'implanter avec plusieurs espèces de plantes autorisées par la Pac (trèfles, mélilot, sainfoin, lotier, phacélie...). Aujourd'hui, il m'est impensable d'envisager une saison apicole sans que mes colonies disposent de ces ressources complémentaires. Elles sont en meilleur état, plus productives et passent mieux l'hiver. »

Les apiculteurs qui participent aux essais menés au rucher école d'Orville (Loiret) abondent aussi en ce sens. L'expérience – pilotée par BASF – vise à comparer l'état général, la productivité, la ponte de la reine et le couvain dans des ruches placées les unes en zone de plaine avec une flore classique, les autres avec accès à des jachères d'intérêt apicole. La sécheresse a quelque peu compromis la pousse des plantes mellifères et pollinifères mais les apiculteurs s'accordent à dire que « ça va mieux ».

Différentes mesures et analyses ont été effectuées, dont les résultats seront connus dans les prochains mois. L'expérience sera renouvelée au même endroit en 2006 et aussi sur vingt autres sites répartis dans plusieurs régions. L'objectif est de confirmer les premières observations et aussi d'utiliser ces sites pour informer agriculteurs et pouvoirs publics sur l'intérêt des jachères à intérêt apicole.

Rien ne se fera en effet sans les agriculteurs et sans volonté politique. Un premier rendez-vous a déjà été raté selon Philippe Lecompte : « Les bandes enherbées représentent 400 000 ha sur lesquelles il aurait été possible de semer des plantes intéressantes pour les abeilles. La réglementation incite surtout à y implanter des graminées. »

 

L'approvisionnement en eau parfois négligé

En période chaude, les abeilles s'activent à récolter du nectar et du pollen, mais aussi de l'eau.

Un peu pour confectionner la « bouillie » donnée aux larves. Beaucoup pour rafraîchir la ruche en y pulvérisant le liquide tout en créant un mouvement d'air en battant des ailes, une forme rudimentaire de climatisation. Pas question par conséquent d'implanter un rucher sans se préoccuper de la proximité d'un point d'eau.

En zone aride, comme c'est le cas dans le sud-est de la France pendant la floraison des lavandes, ce sont carrément des « abreuvoirs » que les apiculteurs installent à proximité immédiate des ruches. Sur tournesol, cette précaution est-elle prise pour les ruches placées parfois en plein cagnard au milieu d'une morne plaine sans eau ? Dans la négative, les abeilles font ce qu'elles peuvent avec la rosée du matin ou bien avec ce qu'elles trouvent dans des marigots.

 

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